La Terre met 365 jours, 5 heures, 48 minutes et 50 secondes pour accomplir sa révolution autour du Soleil. Cette durée forme l'année. Elle se divise en quatre saisons, chacune de trois mois : le printemps, l'été, l'automne et l'hiver. Le printemps comprend environ du 20 mars au 21 juin ; l'été, du 21 juin au 22 septembre ; l'automne, du 22 septembre au 21 décembre ; l'hiver, du 21 décembre au 20 mars.

Le 20 mars et le 22 septembre, le Soleil est visible pendant 12 heures et invisible pendant 12 heures d'un bout à l'autre de la terre. Ces deux époques se nomment équinoxe du printemps et équinoxe d'automne. Le mot d'équinoxe fait allusion à l'égalité du jour et de la nuit. Le 21 juin est pour nous l'époque des plus longs jours et des plus courtes nuits ; le Soleil est visible pendant seize heures et invisible pendant huit. Plus au nord, la durée du jour augmente encore, et celle de la nuit diminue. II y a des pays où le Soleil, plus matinal qu'ici, se lève à deux heures du matin pour se coucher à dix heures du soir ; d'autres encore où les heures de son lever et de son coucher se confondent, de telle sorte que l'astre plonge à peine un instant au-dessous de l'horizon et reparaît aussitôt. Enfin, au pôle nord de la Terre, en ce point qui reste immobile pendant que tous les autres tournent, comme le fait le bout de l'essieu d'une roue, le Soleil ne se couche plus, il tourne autour du spectateur six mois entiers, également visible à minuit et à midi. Dans ces contrées, il n'y a plus alors de nuit.

Le 21 décembre, c'est l'inverse de ce qui a lieu le 21 juin. A huit heures du matin, le Soleil se lève pour nous ; à quatre heures du soir, il est déjà couché. C'est huit heures de jour pour seize heures de nuit. Plus au nord, il y a maintenant des nuits de 18, de 20, de 22 heures, et des jours correspondants de 6, de 4, de 2 heures. Dans le voisinage du pôle, le Soleil ne se montre même plus, il n'y a plus de jour ; pendant six mois, à midi comme à minuit, c'est la même obscurité.

Les deux époques du 21 juin et du 21 décembre se nomment solstice d'été et solstice d'hiver. Le mot solstice signifie que le Soleil cesse de remonter vers le nord ou de descendre vers le sud, et que par conséquent les jours cessent de croître ou de décroître.

Les 5 heures, 48 minutes et 50 secondes qui complètent l'année font à peu près 6 heures ou un quart de jour. Pour éviter cette fraction embarrassante et avoir un nombre rond de jours à l'année, on la néglige d'abord pendant trois ans, mais la quatrième année on en tient compte, et le jour que font ensemble les 6 heures répétées quatre fois est adjoint au mois de février, qui, au lieu de 28 jours, en compte 29. De la sorte, pendant trois ans de file, février a 28 jours, et la quatrième année il en a 29. Les années où février compte 29 jours se nomment années bissextiles. Il y en a une tous, les quatre ans.

Toutes les années dont le millésime se termine par deux chiffres formant un nombre divisible par 4 comptent 366 jours ou sont bissextiles ; celles où la division par 4 ne peut se faire comptent seulement 365 jours et sont des années communes. Ainsi les années 1876, 1880, 1884, 1888, etc., seront bissextiles, parce que les deux chiffres terminant le millésime forment les nombres 76, 80, 84, 88, etc., exactement divisibles par 4 ; mais les années 1877, 1878, 1879, etc., dont les deux derniers chiffres ne forment pas des nombres exactement divisibles par 4, seront des années communes.

En comptant pour 6 heures la fraction 5 heures, 48 minutes et 50 secondes réellement contenue dans l'année, on fait une erreur en plus et l'année du calendrier est trop longue. Pour réparer cette erreur, sur quatre années séculaires on en fait une bissextile et les trois autres restent années communes. La règle à suivre est celle-ci : on néglige les deux zéros de l'année séculaire, et si les chiffres restants forment un nombre divisible par 4, l'année compte 366 jours ; dans le cas contraire, elle en compte 365. Ainsi l'an 1600 a été bissextile ; 1700 et 1800 ne l'ont pas été ; 1900 ne le sera pas non plus, mais 2000 le sera.

L'année se partage en douze périodes ou mois, qui sont janvier, février, mars, avril, mai, juin, juillet, août, septembre, octobre, novembre et décembre. L'inégale valeur des mois est parfois embarrassante. Les uns comptent 31 jours, les autres 30 ; février en compte 28 ou 29 suivant l'année.

CLAIRE. — Pour mon compte, je serais très-embarrassée de dire si mai, septembre et tels autres mois ont 30 ou 31 jours. Comment retenir les mois dont la durée est de 31 jours, et ceux dont la durée est de 30 ?

AURORE. — Un calendrier naturel, gravé sur notre main, nous l'apprend d'une manière très-simple. Fermez le poing de la main gauche. A leur origine, les quatre doigts autres que le pouce dessinent chacun une saillie ou bosse, séparée par un creux de la bosse suivante. Placez l'index de la main droite à tour de rôle sur ces bosses et ces creux, à partir du doigt voisin du pouce, et dénommez en même temps dans leur ordre les mois de l'année, janvier, février, mars, etc. Quand la série des quatre doigts sera épuisée, revenez au point de départ et poursuivez l'appel des douze mois sur les bosses et les creux. Eh bien, tous les mois qui, dans cette énumération, correspondent à des bosses, sont de 31 jours ; tous ceux qui correspondent à des creux sont de 30. Il faut en excepter février, dont la place est au premier creux ; il a, suivant l'année, 28 ou 29 jours.

AUGUSTINE. — Laissez-moi essayer. Voyons mai. Janvier, bosse ; février, creux ; mars, bosse ; avril, creux ; mai, bosse. Mai a 31 jours.

AURORE. — Ce n'est pas plus difficile que cela.

CLAIRE. — A mon tour. Voyons septembre. Janvier, bosse ; février, creux ; mars, bosse ; avril, creux ; mai, bosse ; juin, creux ; juillet, bosse. et maintenant ? Me voilà au bout de la main.

AURORE. — On reprend au point même où l'on a commencé et l'on poursuit l'énumération des mois.

CLAIRE. — Bien. Août, bosse. Voilà deux bosses de file. Il y a donc deux mois de file, juillet et août, qui ont 31 jours ?

AURORE. — Oui.

CLAIRE. — Je reprends. Août, bosse ; septembre, creux. Septembre a 30 jours.

AURORE. — Les mois se subdivisent en semaines. L'année commune est composée de 52 semaines et un jour. A cause de son ancienneté, le calendrier nous garde encore aujourd'hui le souvenir des errements du paganisme, inscrits dans la plupart des noms des jours de la semaine. Le paganisme, en effet, avait consacré chaque jour de la semaine à l'une des divinités adorées sous le nom des divers astres. Nous avons hérité des dénominations usitées dans l'astrolâtrie. Ainsi lundi signifie jour de la Lune (Lunae dies) ; mardi, jour de Mars ; mercredi, jour de Mercure ; jeudi, jour de Jupiter ; vendredi, jour de Vénus ; samedi, jour de Saturne. Dimanche seul est bien nommé pour nous ; il signifie jour du Seigneur. Mais il est d'origine chrétienne ; le paganisme le nommait jour du Soleil.

Nos fêtes religieuses ont leurs époques déterminées par le calendrier. Les unes sont fixes, les autres sont mobiles. Les premières sont célébrées à une date invariable. Telle est la Noël, qui arrive toutes les années le 25 décembre. Les secondes sont célébrées, d'une année à l'autre, à des époques différentes, suivant les mouvements combinés de la Lune et du Soleil. La plus remarquable est celle de Pâques, qui règle, d'ailleurs, la date des autres fêtes mobiles. La résurrection de Notre-Seigneur ayant suivi de près l'équinoxe du printemps et une pleine lune, il parut convenable à l'Eglise de se guider sur ce double fait astronomique, et le jour de Pâques fut fixé au premier dimanche qui suit la pleine lune arrivant après l'équinoxe du printemps. De ces conditions multiples, il résulte que la fête pascale est célébrée à des époques pouvant varier depuis le 22 mars jusqu'au 25 avril.

Une fois le jour de Pâques déterminé, les autres fêtes mobiles, telles que l'Ascension et la Pentecôte, le sont aussi, car l'Ascension est fixée au quarantième jour après Pâques, et la Pentecôte au cinquantième.

L'année aurait pour point de départ naturel une époque astronomique remarquable, comme un solstice ou un équinoxe. L'usage en a décidé autrement. Pour nous, l'année commence le 1er janvier. Le premier de l'an fixé au 1er janvier est, du reste, d'origine assez récente. Cette pratique fut prescrite en France par un édit de Charles IX. Du temps de Charlemagne, l'usage était de commencer l'année à la Noël ; dans le douzième et le treizième siècle, le premier de l'an était fixé à Pâques.

source : Jean-Henri Fabre, Aurore, 1874