- La Guêpe
En septembre, avec mon jeune Paul, qui me prête ses bons yeux et sa naïve attention non encore troublée par des pensées soucieuses, je m'en vais à l'aventure, interrogeant du regard le bord des sentiers. A des vingt pas de distance, mon compagnon vient de voir s'élever de terre, monter et s'éloigner, maintenant l'un, maintenant l'autre, des traits rapides comme si quelque petit cratère, en éruption dans l'herbe lançait des projectiles. « Un nid de Guêpes, fait-il ; un nid, bien sûr ! »
- La Guêpe (suite)
Des misères de la Guêpe, quand arrive l'hiver, il reste à dire le plus grave. Pressentant venir la défaillance, les neutres, jusque-là tendres nourriciers, deviennent farouches exterminateurs. « Ne laissons pas d'orphelins, se disent-ils ; nul, après nous, ne s'en occuperait. Tuons tout, oeufs tardifs et larves. La mort violente est préférable à l'agonie par famine. »
- Les Eumènes
Costume de guêpe, mi-partie noir et jaune, taille élancée, allure svelte, ailes non étalées à plat pendant le repos, mais pliées en deux suivant la longueur ; pour abdomen, une sorte de cornue de chimiste, qui se ballonne en cucurbite et se rattache au thorax par un long col, d'abord renflé en poire, puis rétréci en fil ; essor peu fougueux, vol silencieux, habitudes solitaires ; tel est le sommaire croquis des Eumènes.
- Les Odynères
Or, non loin des Eumènes prennent rang les Odynères, les Guêpes solitaires de Réaumur. Mêmes costumes, mêmes ailes pliées en long, mêmes instincts giboyeurs, et surtout, condition par excellence, mêmes entassements de proie assez mobile encore pour être dangereuse.
- L'Odynère nidulateur
Si d’autres preuves étaient nécessaires, mettant en évidence que l’organe n’entraîne pas la fonction, que l’outil ne détermine pas l’ouvrage, le groupe Odynère nous en fournirait de bien remarquables. Avec une étroite similitude d’organisation, tant dans l’ensemble que dans les détails, similitude qui fait de ces insectes un genre des plus naturels sous le rapport de la structure, il y a là des industries très variées, sans rapport entre elles, quoique outillées de même façon. En dehors de la parité des formes, un seul trait relie ce groupe à moeurs disparates : tous les Odynères sont vénateurs ; ils approvisionnent leur famille de vermisseaux immobilisés par l’aiguillon, petites chenilles et faibles larves de coléoptères.
- Les Pompiles
D'une part sont les Pompiles, champions toujours vainqueurs ; d'autre part sont les Araignées, champions toujours vaincus.
- Les habitants de la ronce
Lorsqu'il émonde sa haie, dont le féroce fouillis déborde sur le chemin, le paysan tronque, à quelque pans du sol, les lianes de la ronce, et laisse en place la base de la tige, qui ne tarde pas à se dessécher. Ces bouts de ronces, qu'abrite et défend l'épineux fourré, sont recherchés d'une foule d'hyménoptères pour l'établissement de leur famille.
- Les Sitaris (Parasite)
Les hauts talus argilo-sablonneux des environs de Carpentras sont lieux de prédilection pour une foule d'hyménoptères, amis des expositions bien ensoleillées et des sols d'exploitation facile. Là, dans le mois de mai, abondent surtout deux Anthophores, ouvrières en miel et cellules souterraines
- La larve primaire des Sitaris
Jusque vers la fin du mois d'avril suivant, rien de nouveau ne se passe. Je profiterai de ce long repos pour mieux faire connaître la jeune larve, dont voici la description :
Longueur, 1 millimètre ou un peu moins. Coriace, d'un noir verdâtre luisant, convexe en dessus, plane en dessous, allongée, augmentant graduellement de diamètre de la tête au bout postérieur du métathorax, puis diminuant rapidement. Tête un peu plus longue que large, légèrement dilatée vers sa base, roussâtre vers la bouche et plus foncée vers les ocelles.